Depuis trois semaines, nous avons ouvert un bloc dédié aux votations du 15 mais 2022. Pour rappel, voici les trois objets soumis au vote ce dimanche :

 

1. Modification du 1er octobre 2021 de la loi fédérale sur la culture et la production cinématographiques (Loi sur le cinéma, LCin) ; 

2. Modification du 1er octobre 2021 de la loi fédérale sur la transplantation d’organes, de tissus et de cellules (Loi sur la transplantation) ; 

3. Arrêté fédéral du 1er octobre 2021 portant approbation et mise en œuvre de l’échange de notes entre la Suisse et l’Union européenne concernant la reprise du règlement (UE) 2019/1896 relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et abrogeant les règlements (UE) no 1052/2013 et (UE) 2016/1624 (Développement de l’acquis de Schengen.

Après trois articles abordant chacun l’un de ces trois objets, nous concluons ce bloc avec un éditorial pour reprendre les analyses de notre équipe sur l’ensemble des objets, afin de proposer une pluralité de points de vue sur chacun d’eux et en espérant que cela puisse nourrir votre réflexion dans le choix de vos votes.

 

Les points de vue d’Antoine Mula

 

1. Loi sur le cinéma / Lex Netflix

 

Pour cet objet, vous pouvez aller lire son article « Lex Netflix et cinéma européen« .

 

2. Loi sur la transplantation / Don d’organe

 

Cette loi pose plusieurs questions intéressantes : d’abord, elle relance (enfin !) le débat sur la sacralité du corps et son destin d’être réduit en poussière ainsi qu’il arrivé sur terre. Sans artifice, sans modification, sans rien qui pût laisser présager de la vie de la personne. Ensuite, cette loi pose, plus prosaïquement, la question de la disposition de son propre corps : une fois la personne morte, qu’aurait-elle à faire de savoir que certains de ses organes sont utilisés par d’autres ? On est au-delà du sacré et de l’intime de la matière charnelle après tout : le corps n’est plus et ce qui le faisait fonctionner – une partie du moins – peut rendre service, peut encore être utile. À une époque comme la nôtre où la science a tellement évolué qu’elle permet d’utiliser les personnes jusqu’au bout pour en sauver d’autres, cette loi est nécessaire. Alors, on peut (et on doit) se poser la question de cette exploitation du corps par-delà la mort. Mais pour l’heure, en attendant la multiplication des organes artificiels, pensons à sauver les personnes qui peuvent l’être.

 

3. Développement de l’acquis Schengen / Frontex

 

Au-delà de la simple question de la loi en elle-même, j’aimerais raconter une expérience personnelle : plusieurs fois, alors que je récoltais pour le référendum sur cette loi, j’ai eu plusieurs fois des remarques (en plein Lausanne !) du genre « Tant mieux, qu’ils crèvent en mer ces parasites ». Ce genre de phrases, mais également l’utilisation d’un tel outil, montre la décrépitude du sentiment d’inhumanité dans nos sociétés et les instances européennes : Frontex est notoirement connu pour de multiples violations des droits humains. À ce propos, l’ouvrage de Jean Ziegler « Lesbos, la honte de l’Europe » est percutant : il décrit comment et pourquoi l’Europe du Sud est devenu une forteresse et empêche les réfugiés d’arriver sur le continent. Il est important ici de rappeler que tout exil est un déchirement ; on laisse une partie de soi-même derrière, souvent sans possibilité de la récupérer. « La France ne peut accueillir toute la misère du monde », disait Michel Rocard. Avant d’ajouter « Mais elle doit prendre sa part ».

 

Les points de vue de Charles Mansera

 

1. Loi sur le cinéma / Lex Netflix

 

Que l’on soit d’accord, taxer les plateformes de vidéo à la demande pour des raisons d’égalité de traitement et pour financer le cinéma suisse n’est franchement pas une mauvaise idée. La crainte concernant l’augmentation du prix n’est pas fortement illustré et la catastrophe en serait-elle vraiment une ? Être sûr que ces plateformes proposent un catalogue large et moins centré sur les États-Unis est aussi une bonne idée. Cependant, l’obligation d’un pourcentage de productions européenne est plus étrange – rien ne les obligera à proposer aussi des films suisses et cela n’assure pas la qualité des propositions, qui se limite étrangement à l’Europe. Mais cela n’est là que pour s’aligner sur le principe européen. Plus important, il n’est pas sûr que pour lutter contre l’impérialisme culturel américain il soit recommandé d’attendre que Netflix produise des films suisses. Ni qu’il soit recommandé d’encourager qu’une plus grande part des productions cinématographiques proviennent d’eux.

 

2. Loi sur la transplantation / Don d’organe

 

La question de la transplantation des organes est des plus sensibles et profondément liée aux sentiments personnels. Le besoin en matière d’organe semblent importants et il est en effet dommage de ne pas pouvoir se servir des organes de personnes ayant simplement oubliées de prévoir des déclarations – et cette situation doit lourdement peser sur les familles. La loi proposée réglerait tous ces points. Toutefois, il n’est pas certain que toutes les personnes qui s’opposeraient au prélèvement de leurs organes seraient conscientes du besoin de le manifester par avance, ce qui créerait potentiellement de nouvelles tentions. De plus, la vision du corps qui transparaît dans cette loi, comme finalement simplement quelque chose à utiliser, diminuant l’importance que l’on peut accorder aux corps et encourager une philosophie purement utilitaire et matérielle. De plus, l’obligation de prévoir des dispositions pour le don d’organe réglerait le même problème, sans poser ces difficultés.

 

3. Développement de l’acquis Schengen / Frontex

 

Pour cet objet, vous pouvez aller lire son article « Frontex  : où sont nos frontières ?« .

 

Les points de vue de Gabriel

 

1. Loi sur le cinéma / Lex Netflix 

 

Réduire l’influence américaine dans le cinéma est une bonne idée, cela dit si c’est pour la remplacer par une autre, européenne ou plus lointaine cela ne règle aucun problème sans en créer un autre. Malgré tout, Il convient de garder un œil sur le cinéma suisse de façon générale qui de mon œil de non-spécialiste pour l’instant à du mal à s’exporter ou briller. L’augmentation potentielle de prix me laisse froid : si le prix devient trop important c’est le piratage qui reprendra  la Suisse n’en souffrira pas davantage et c’est les entreprises qui perdrons. 

 

2. Loi sur la transplantation / Don d’organe

 

Pour cet objet, vous pouvez aller lire son article « T’as pas dit non, donc c’était oui« .

 

3. Développement de l’acquis Schengen / Frontex

 

La Suisse gagne au fait que les frontière européennes soit protégées. C’est bien triste car on préférerait en général mettre la défense des frontière très justement à la frontière propre du pays. Si les violences commises par Frontex vous font rechigné à augmenter leur budget détrompez vous, il est fort possible qu’une augmentation de budget diminue ces excès. D’une part car une partie de l’argent devrait être utilisé pour embaucher de quoi bricoler des défenses des droits des migrants d’autre part car c’est souvent par manque de moyen qu’on en arrive à la violence. Si vous préférez imaginer tout garde frontière comme une brute avec une massue au cœur absent et durci, rien ne vous convaincra, faites comme vous voulez.

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