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« Excusez-moi, mais ce que vous dites est complètement faux. », mon professeur était abasourdi. Un étudiant venait de proférer cette accusation depuis le fond de la salle. « Ah ? » Le professeur venait de se référer à un point de doctrine spécifique d’une des nombreuses branches de l’Islam dans le cadre d’un cours d’histoire du Moyen-Orient. C’est ce qui froissait l’étudiant qui apparemment croyait en une version légèrement différente de la même doctrine. Le conflit c’est résolu bien rapidement. Pour ceux qui payaient attention, il était clair que la doctrine musulmane n’était pas unique et ne l’est pas non plus aujourd’hui. Qu’il y a eu à l’intérieur de l’islam un nombre énorme de schisme et d’évolution dans la façon dont on prie le divin. Faire référence à l’une d’entre elle telle qu’elle était au 9ème siècle, même si elle porte un nom similaire, n’invalide pas nécessairement une façon de croire moderne. Amener un argument dogmatique d’une version du dogme vieille de plus d’un millénaire et établir une équivalence serait erroné. Après avoir expliqué la différence, le professeur usa d’un rare argument d’autorité pour appuyer le fait que ce qu’il est entrain d’expliquer est sourcé, référencé et qu’il pourrait amener le texte en question aisément. Il remit également l’étudiant en place usant de son autorité de professeur et du poids de ses nombreuses années d’études sur le sujet. Une réaction redondante et quelques peu déplacée du professeur mais compréhensible en contexte.

Lors d’une intervention d’un collègue en philosophie dans une classe de jeunes sur la conception qu’on se fait du temps on s’est beaucoup inquiété de préserver les aspects religieux en dehors de la classe. Certains mots sont à bannir, « prière » bien sûr, mais aussi entre autres « méditation ». Pourquoi lors d’une intervention d’étudiants en philosophie sur le concept du temps qui passe et notre relation à lui, certains responsables ont cru important de rappeler que le moindre mot de travers pourrait coûter cher est une question qui me dépasse.

Parallèlement j’entends des retours de ce qui se passe dans les classes des touts petits de quelques parents indignés. Une professeure trouve bon de faire faire quelques exercices à ses élèves tirés de son amour du yoga, à savoir, une version à peine modifiée de la « salutation au soleil ». Mais garde à qui dira que joindre la paume des deux mains avant de réaliser divers grand mouvement de révérence à « l’univers » ou « au soleil » à quoi que ce soit de religieux ! En accords avec les directives actuelle vaudoise certains élèves peuvent refuser de se joindre à l’exercice. Parallèlement j’ai moi-même eu l’occasion de parler à des jeunes simplement terrorisés car on leur avait inculquer l’idée que d’ici 10-30 ans le globe serait inhospitalier et à causes des péchés de leurs parents ils n’auraient jamais plus de 40 ans. Une croyance eschatologique « laïque ».

Bien sûr encore en parallèle la propagande des lumières continue et des idioties circulent dont j’ai été le premier témoin. Pour n’en citer que quelques-unes : les personnes entre 500 et 1500 sont dans un âge sombre où aucune avancée scientifique ou sociale ne se fait car le monde est sous la domination de divers obscurantismes. Galilée a été jeté au fer et la seule raison pour cela est l’ignorance d’inquisiteurs dogmatique et littéralistes. Le religieux est dépassé et cet instinct est responsable de la mort de millions à travers les millénaires. La religion en elle-même est un mensonge des puissants pour adoucir et asservir le peuple — elle n’a pas d’autre but. N’hésitez pas à agrandir la liste par vous-mêmes je suis certains qu’il a bon nombre de bêtises que vous pouvez vous-même trouver sans peine.

Ces exemples montrent bien que nous peinons à trouver où ranger le religieux dans l’éducation aujourd’hui. Le religieux fait peur, le lien aux parents se fait de plus en plus fin et la connaissance religieuse recule en même temps que le bien-être.

Une cacophonie digne de Babel. Sans jeter la pierre sur qui que ce soit, il est évident que nos connaissances concernant les fondements de notre culture ont été érodés et reposent maintenant sur du sable. Tous les côtés des débats sur cette question se sentent comme David contre Goliath dans un Tohu-bohu sans précédent et beaucoup cherchent à asseoir leurs croyances (ou absence de croyance) dans le domaine de l’éducation. Un vrai calvaire pour tout ceux concernés à part, bien sûr, ceux qui cherchent à avoir une population qui ne croit en rien afin que le statut quo ne change pas d’un iota. La question est complexe et il est clair qu’en matière religieuse laisser un dogme s’imposer dans le climat actuel pluraliste serait tenter le diable. Cela dit, l’incertitude ambiante, le manque de direction et la confusion créée par la multiplicité de voix mises indûment à égalité laisse les gens comme perdus dans le désert. Rendons à César ce qui est à César, les histoires religieuses contextualisent et explique l’humain à l’humain et aident à établir et s’accorder sur une certaine moralité, quoiqu’on pense de leur véracité. Nos enfants devront vivre dans une société influencée par ces idées, il semble évident qu’ils devraient connaître l’origine de ces traditions s’ils souhaitent être capable de les défendre ou les analyser pour en extirper ce qu’il y a de néfaste. S’ils arrivent à l’établir bien sûr.

Est-il possible d’étendre un rameau d’olivier entre tous les partis ? La question de l’éducation des enfants touche tous ceux qui ont des enfants et tous ceux qui sont émotionnellement investi dans le bien-être de notre société. L’inquiétude qu’on vienne convertir ou manipuler nos enfants est légitime car divers cas de professeurs outrepassant leur devoir existent. Après tout même le département de la formation de la jeunesse et de la culture trouve qu’il n’y a rien de militant à mettre sur l’agenda de tous les élèves du canton de Vaud de 9-10 et 11ème année un pictogramme incluant un logo pour l’égalité homme-femme, un logo pour le développement durable et celui qui a causé le plus de polémique : un drapeau LGBT [1]. Qu’importe votre opinion sur ces débats ou que vous trouviez que ces causes soient juste ou non est-ce que la classe est l’endroit pour en parler ? Des décisions sont prises déconnectées des opinions ou inquiétudes des parents. Le vide laissé et d’office rempli par les opinions politique et religieuses de ceux qui sont les plus proches de l’office du pouvoir. Est-ce acceptable ? Est-ce que les parents ne devraient pas avoir le droit de savoir ce qu’on dit à leurs enfants ?

Une petite journée « d’information » qui en toute honnêteté ne sert qu’a rassurez les parents sans réellement les informer de quoi que ce soit là où ça compte ne suffit pas. Nous sommes actuellement entrain de suivre un dogme idéologique très extrême. Les parents, après leur journée de travail, pour savoir ce qui se passe dans les écoles doivent basiquement dépendre de ce que leur raconte leur enfant et des quelques très occasionnelle communications de l’administration scolaire. Il n’y a concrètement, pas de garde-fou. L’opposé tout aussi radical et à terme intenable serait d’avoir des caméras dans les écoles afin de surveiller le corps enseignant. L’anonymat des jeunes étant à préserver il semble évident que ce n’est pas non plus là que se trouve la solution, bien que nous disposions de la technologie pour informer les parents directement de ce qui se passe dans les classes. Loin de la classe cela dit il y a des réunions importantes concernant l’éducation qui se font de facto loin des yeux de la population. Rendre davantage transparent le processus de décisions des maîtres paraît à l’inverse très faisable et permettrait d’inclure davantage les parents des enfants de demain.

La solution à ces problèmes que ce soit concernant la radicalisation ou la religion se trouve dans une amélioration de l’accès à la discussion et la destruction de certaines barrières institutionnelles qui ne servent pas la collectivité mais seulement la petite minorité qui peut imposer sa volonté et ses opinions sans regard pour ceux qu’ils sont sensés servir.

Nous n’aurons pas une école absolument sans religion. Si c’est le cas elle ne sera pas capable d’équiper les enfants qui vivent dans un monde ou la religion existe, explicite ou non. Nous n’aurons jamais une école tout à fait neutre, impartiale et sans opinion. Si c’était le cas elle ne serait pas capable de donner une éducation et d’apprendre aux jeunes à réfléchir et à distinguer par eux même ce qui est correct, ce qui ne l’est pas et ce qui reste à déterminé. Il n’existe pas de professeur sans opinion. Les professeurs en tant qu’humain prennent des décisions qui influencent les gens qui les entourent par leur choix. Ce que nous pouvons avoir c’est une école telle que les gens de notre canton situé en Suisse la veulent, adaptée aux besoins et aux croyances d’aujourd’hui et capable d’équiper nos jeunes pour leur vie future. Ce genre de décision doit se faire de façon explicitement publique, autrement nos institutions éducatives se placent et se comporte comme des instruments de propagande régit par une minorité qui défend ses propres intérêts et poursuit ses propres croyances et non les intérêts des jeunes et leurs famille ainsi que la communauté dans son ensemble.

 

 

[1] https://www.rts.ch/info/regions/vaud/12456975-un-symbole-lgbtq-sur-les-agendas-scolaires-vaudois-fait-reagir-eleves-et-corps-enseignant.html

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