Source image : https://store.jobetudiant.net/images/files/000/001/377/original/influences_e%CC%81trange%CC%80res_universite%CC%81.jpg?1651954691

Avec les récents changements au Conseil d’État vaudois, et la prise du département de la formation par le PLR qui succède à plus de vingt-quatre ans de gestion socialiste, on aurait pu s’attendre à des changements radicaux dans la manière d’éduquer nos jeunes – et moins jeunes, mais ceux-ci sont moins nombreux. Après quelques mois et une rentrée, force est de constater que peu de choses ont changé même si une réforme extrêmement importante doit arriver dans les prochaines années sur Vaud, si notre Canton veut espérer conserver la légalité et l’équivalence des maturités gymnasiales vis-à-vis des autres Cantons. Petite vue d’ensemble sur la réforme et les options qui s’ouvrent aux divers départements de la formation.

 

Sur Vaud, Frédéric Borloz succède à Cesla Amarelle à compter du 1er juillet. Premier homme à la tête du département depuis Jean-Jacques Schwaab en 1994, l’annonce de sa charge est une surprise, tant l’opinion publique voyait ce département – considéré comme maudit – être attribué à la novice Valérie Dittli. Parce que jeune et ayant tout récemment fini ses études, de même qu’en raison de son implication sur la thématique de la formation tout du long de la campagne électorale, ce choix était attendu et aurait semblé évident. Et pourtant non. Contre toute attente, si la droite reprend ce département comme attendu, c’est le libéral-radical (mais foncièrement radical) Frédéric Borloz qui arrive à sa tête, ce alors qu’il n’a aucune compétence dans le domaine – alors au Conseil national, il siège dans la Commission des transports et télécommunications… il n’est pas impossible que la socialiste Nuria Gorrite, profitant de la prééminence de l’ancienneté en fonction, lui ait coupé l’herbe sous le pied pour rester cheffe du département des infrastructures.

 

La rentrée à peine passée, fin septembre 2022, les Cantons répondent à la consultation lancée par la Confédération portant sur une modification de l’ordonnance sur les maturités gymnasiales harmonisant la durée des études gymnasiales à quatre ans : si le débat n’a pas vraiment lieu sur le rallongement ou nom des études gymnasiales, il y a, sur Vaud, un débat entre la gauche et la droite quant à savoir s’il faut effectivement rajouter une année d’études et finir le gymnase à 19 ans ou si la onzième année serait supprimée, permettant ainsi de ne pas bouger l’âge de fin d’études mais qui risque de faire que… le diplôme gymnasial vaudois ne serait pas reconnu au niveau vaudois. En effet, si la onzième année devient la première année de gymnase, alors on n’aura pas atteint le but visé par cette réforme : mettre tout le pays sur un pied d’égalité d’une part – simplifiant notamment le système des gymnases intercantonaux – et permettre l’approfondissement des notions de base.

 

Le gymnase en quatre ans ? Pourquoi pas. Cela se fait dans la plupart des cantons suisses et les résultats ont l’air d’être tout à fait corrects ; le Valais est même passé à l’étape suivante, en instaurant le gymnase à cinq ans. Mais ce système-là est une véritable exception, rien ne sert de s’étendre dessus. Pour le gymnase en quatre ans cependant, trois options s’imposent : la formule 10 + 4, disqualifiante et qui ne changerait rien ; la formule 11 + 4, qui permet d’asseoir les compétences et d’en développer d’autres le temps des études ; la formule 11.5 + 3.5, qui coupe la poire en deux. Une idée pour contenter les opposants au gymnase à quatre ans dans sa forme actuelle serait d’utiliser la première année comme un complément à la onzième année d’études et éviterait de devoir mettre sur pied un nouveau programme pour une seule année supplémentaire ; ces six mois en plus pourraient également être utilisés pour renforcer les lacunes et aplanir le programme, le développant sur quarante-deux mois au lieu des trente-six mois actuellement en vigueur, une solution pour permettre aux élèves en difficulté et/ou arrivant d’un autre système scolaire de s’adapter beaucoup plus facilement et de rattraper les notions qui leur manquent.

 

Dans tous les cas, le Canton de Vaud, et les autres qui sont encore sur un système de maturité gymnasiale à trois ans, devra ajouter une année supplémentaire au gymnase[1]. Si la droite s’oppose à la prolongation des études, la formule 11.5 + 3.5 reste un bon compromis et permet à la fois d’approfondir un peu plus les compétences acquises par les étudiants depuis le début de leur école obligatoire, sans pour autant chambouler complètement les programmes scolaires. À voir aussi, dans ce contexte, ce que la Confédération décidera vis-à-vis des programmes en eux-mêmes : chasse gardée des Cantons, il n’est pas improbable qu’elle veuille, par exemple, développer les compétences linguistiques en allemand (pour les latins) et en français (pour les alémaniques) avec cette année supplémentaire. Dans tous les cas, une année supplémentaire de gymnase, même si cela peut paraître long à seize ans de se dire qu’on en a encore pour trois ans, peut être une vraie chance et une vraie opportunité pour les élèves de se développer un peu plus personnellement et d’être « mieux » préparé à l’entrée universitaire ou à l’arrivée sur le marché du travail. Bon, ce ne sera pas pour tout de suite, la réforme étant planifiée pour 2032 et qu’il y a beaucoup d’infrastructures à construire et adapter ; mais c’est un défi comme on en a peu eu depuis quelques décennies, dans l’ensemble de la Romandie. Cela annonce des débats politiques extrêmement passionnants.

 

[1] https://www.rts.ch/info/regions/vaud/13425301-le-gymnase-passe-a-quatre-ans-dans-le-canton-de-vaud.html

Vous pouvez suivre nos prochains articles en vous abonnant à notre site (sur le côté de la page) ainsi que sur nos réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Instagram.

N’hésitez pas à partager nos articles ou à y réagir !

Vous pouvez aussi nous proposer des idées pour nos entretiens ou nos tribunes.