Mercredi dernier Joe Biden quelques heures après son entrée en tant que président des États-Unis a ordonné dans un de ses premiers décret présidentiel une action pour la prévention contre la discrimination basée sur le genre et l’orientation sexuelle [1]. Une conséquence réelle de ce décret est que les athlètes transsexuelles et transgenres sont désormais acceptées dans les compétitions sportives traditionnellement ouvertes uniquement aux femmes cisgenre. Cela a ravivé les débats concernant la compétition des athlètes transgenres dans les compétitions féminines et a causé beaucoup de vagues sur les réseaux sociaux et initié de nombreux débats sur divers médias. Afin d’apporter une contribution substantielle aux débats je me propose ici de présenter les arguments les plus communément présentés autour de cette question.
L’inclusion d’athlètes transgenres est lieu de tension car leurs revendications remettent en cause les catégories standards à plusieurs niveaux : Premièrement on remarque un avantage marqué des athlètes transsexuelles sur leurs compétitrices féminines quand on les fait concourir d’égal à égal. Cet avantage est souvent résumé par la quantité de testostérone des athlètes transgenres souvent supérieure à la moyenne mais n’est pas limité à cela. Bien souvent, les taux de testostérone des athlètes ayant transitionné est réduit à des niveaux plus proche de la moyenne féminine. L’avantage ici n’est plus la quantité actuelle de testostérone des athlètes mais la quantité passée. Plus simplement dit, l’avantage serait d’avoir pu « grandir homme » et ainsi d’avoir profité d’une croissance musculaire différente de leurs compétitrices. Deuxièmement, surtout dans les sports d’équipes, on trouve le problème des vestiaires. La présence d’athlètes transgenres dans les vestiaires est parfois source de gêne pour leurs coéquipières celle-ci n’ayant pas toujours subis de chirurgie gardent un aspect extérieur trop « masculin ». Enfin, troisièmement la nature multiple des formes de transitions et d’identités des athlètes trans elles-mêmes ouvrent une nouvelle dimension au problème. En effets les procédés sont loin d’être standards. Une athlète homme ou femme pourrait transitionner et se considérer de l’autre genre ou de l’autre sexe en ne changeant que marginalement son apparence extérieure, ou désirer ne pas être considéré de l’autre sexe mais plutôt un entre-deux ou quelque chose d’encore différent. L’athlète en question pourrait également décider de suivre le processus long et parfois coûteux tant monétairement que physiquement de changer de sexe. Les spécificités des cas sont infinies et appartiennent à chaque situation. Dès lors le problème d’une solution unique à un défi multiple apparaît.
Ces problèmes existants, on observe plusieurs attitudes en réaction à eux.
La discussion souvent s’envenime très vite car dans tous les cas quelqu’un se retrouvera exclu de la compétition. Soit sommairement avant le début de la compétition ou de facto de par l’avantage qu’on laisse à certains athlètes est simplement trop grand.
La droite conservatrice défendra que les femmes ont droit à leurs espaces et le droit d’entrer en compétitions entre-elles en ayant une chance de gagner sans avoir à s’inquiéter de l’entrée d’une compétition basiquement imbattable parmi elles. Souvent la droite ignorera le cas de femmes nées femmes à qui on interdit la compétition pour cause qu’elles ont naturellement trop de testostérone ou d’autres aspects « masculins » qui leurs offrent un ou plusieurs avantages considérer « trop grand » pour qu’on puisse les accepter dans les compétitions féminines. Le critère du sexe semble donc parfois insuffisant pour créer des catégories où la compétition est intéressante entre les athlètes. Une alternative gardant la simplicité et l’acceptance rependue n’existe cependant pas pour le moment.
Une partie de la gauche défendra que le système actuel est discriminatoire et demandera l’inclusion des athlètes trans ainsi ignorant les défis que cela engendre ou alors les minimisant. Rappelant les cas des femmes cisgenres interdites de compétitions pour leurs caractéristiques naturelles précédemment évoqué, ils défendront parfois qu’une nouvelle façon de considérer le sport doit être mise en place, qui rejetterait le principe de compétition. Ce principe est vu alors comme une des sources du problème. La nécessité en sport dans le paradigme actuel d’une forme de compétition amène les principes de handicap et d’avantage, juste ou injuste et demande donc de créer des catégories qui permettent une compétition intéressante. Ainsi on pourrait comprendre ce dernier point aujourd’hui soit comme un défi réel pour nos institutions ou alors, comme une erreur qui blâmerait des structures pratiques qui cherchent à permettre au plus de monde possible de concourir pour des problèmes dont la cause se trouve ailleurs.
Le système actuel qui propose deux catégories basées sur le sexe ainsi que d’autres catégories et types de compétitions pour les personnes souffrant de différents handicaps est loin d’être parfait. Il semble cependant important de rappeler qu’il est ridicule de se figurer que toute personne devrait pouvoir concourir dans les compétitions de haut niveau ou de s’imaginer que si on laisse ouvert des moyens d’exploiter le système pour permettre à des individus des victoires « faciles » les gens seront des anges et ne les exploiterons pas. Les demandes de visibilisation de groupes sociaux marginalisés qui ont lieux simultanément peuvent également donner à penser que les personnes défendant ces causes ont d’autres intérêts prépondérants à la création d’un milieu sportif accueillant et juste. Rappelons donc que forcer un changement de cette envergure peut avoir des conséquences inverses qui ne sont pas souhaitables. Les images qu’on obtient dans le cadre des sports de combats entre athlètes trans contre cisgenre sont loin de les aider à gagner la confiance du public [2]. Au contraire, ces conséquences exposent la médiocrité d’un raisonnement simpliste et la folie d’une société qui accepte que de tels événements ne remettent pas en question la direction qu’elle prend.