La compréhension de la laïcité à changé au cours des derniers siècles. Là où John Locke parlait d’une tolérance religieuse qui provenait d’une liberté de conscience individuelle que l’État ne peut enlever, certains partisans de la laïcité aujourd’hui, athées convaincus, mal informés ou malintentionnés vont plus loin. Se croyant libre d’exiger l’arrêt de comportements innocents et respectueux ou d’exiger plus positivement des comportements qui nuisent à une vie religieuse personnelle. Faisant des jugements moraux sans se placer sous la bannière d’une religion spécifique, ils se croient incapables de nuire à la liberté de conscience. Je dirais simplement alors : « Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Mentionner la possibilité d’un Dieu ne devrait pas enrager ou provoquer d’attaque en justice qu’importe l’importance de l’office politique tenu. La France interdit à ses professeurs et personnages politiques de porter un signe à caractère religieux « ostentatoire », laissant très vague ce qui rentre ou ne rentre pas dans la définition. L’absence totale de religiosité à l’école semble plus les inquiéter que la qualité médiocre de l’éducation qu’ils proposent.
Le projet, qu’il soit organisé ou qu’il soit une conséquence innocente de personnes parlant de ce qu’elle ne comprenne pas (et ne cherche pas à comprendre) avance : on attaque le religieux de manière fourbe. Plaçant une corde autour de son cou, on cherche à priver le religieux de moyen d’expressions. Si j’ai une croyance qui fait des demandes morales à ma conscience, quelle qu’elle soit et que les actions que j’exécute ne sont pas destructrices je dois pouvoir agir en mon âme et conscience. Plus que quiconque j’ai l’impression que ces cultistes de la laïcité sont conscients qu’une pensée, une croyance qui n’est pas instancié meure dans l’œuf, « Qu’une foi sans œuvre meure dans son isolation ». Laïc ne veux pas dire areligieux ou irréligieux et il est grand temps de remettre à sa place un État soi-disant « neutre » à la question religieuse qui, manipulé, s’immisce dans des affaires qu’il n’a pas le droit de réglementer et réveiller une société complice qui se laisse mentir trop facilement.
Nous vivons ici en Suisse sur une vaste culture chrétienne qui est profondément incomprise par une majeure partie de la population. L’hymne national (lui aussi en train d’être « curieusement » oublié) contient de multiples références à Dieu et à la piété du peuple Suisse. Un fossé est en train d’être creuser afin de se distancier de cette dernière et les efforts pour changer l’hymne sont sans doute au moins en parties motivés par cette envie d’effacer cette part de notre culture. Les médias ne manquent pas non plus de représenter toute personne ayant des opinions religieuses un peu trop vocalisée comme d’immonde sectaires ou des positions bénignes sont qualifiées de rigorisme. Je ne saurais compter le nombre de film où la bonne petite personne religieuse se révèle être un ignoble personnage peint comme un être cruel dans des dimensions exagérées à l’extrême. Il n’y aura pas de secours ici. Ça aussi, c’est maintenant dans notre culture ; une ignorance généralisée sur des concepts basiques et sur nos origines. Je parle ici du bannissement de concepts qui aident à vivres et sont loin d’être anti-scientifiques, mais les lumières et le positivisme après elles ont réussi à se laver les mains de tout le sang qu’on a versé pour leurs idéologies. L’homme n’a pas besoin de religion pour partir en guerre, écraser son ennemi et semer haine, chaos, ignorance et dévastation. Les multiples horreurs du XXème siècle me serviront d’exemple. Le plus efficace des coups marketing de l’histoire, on ne voit presque que du bien derrière ces figures. On les remercie sans les traités avec le même degré de scepticisme dont on devrait faire preuve. Difficile d’arguer contre les progrès techniques qui ont eu lieu durant ces siècles et ceux qui sont attentifs auront compris que ce n’est pas ce que je fais.
Les mensonges sont nombreux et les idées préconçues, non-réexaminée, forgées pour dénigrer le religieux sont innombrables. Ce sera peut-être le sujet d’un autre article.
Équipé les jeunes des outils appropriés afin qu’ils soient capables de comprendre le raisonnement de ceux qui sont venus avant eux sans s’imaginer qu’ils étaient tous des créationnistes zélés ne reviens pas à donner un cours de catéchisme. Qu’il y ait du temps consacré pour expliquer aux élèves les croyances religieuses courantes dans le monde d’aujourd’hui et plus spécifiquement celles qu’ils vont rencontrer dans la culture de leur propre pays est important afin d’éviter d’ostraciser une vaste partie de la population qui serait injustement considéré comme ignorante, littéralement « en retard ».
Tout ceci peut être fait sans nuire à la laïcité.
Interdire de porter un signe religieux sur son vêtement en tant qu’il démontre une appartenance ne pourrait être acceptable que si tout signe d’appartenance à tout autre groupe que l’état soit profondément effacé en tout temps, pas de pins, pas de cravate, pas de bijoux. Ainsi je souhaiterais dans ce cas de figure, afin de rester consistant, que nos politiciens se voient donner un numéro par lequel nous pourrions les reconnaître qu’il ne se montrent jamais en public et nous présentent leurs idées, enfermés dans des boîtes peintes en noir d’où leurs voix sortirait modulées afin qu’elle soit générique, asexuée et atonale. Enfin ! Là nous pourrions examiner le contenu de leurs idées sans emballage et sans craindre qu’ils ne fassent du prosélytisme sensoriel pour telle ou telle idée qui n’est pas établie comme faisant partie de ce que l’État devrait dire.
Blague à part, toute personne élue a été élue dans (ou malgré) sa totalité personnelle et tant que rien n’est fait dans une tentative de divisé ou attisé la haine (autrement dit : nuire à l’ordre public,) il est saugrenu de demander que tel ou tel accessoire ne soit enlevé ou de réprimander la personne en question. L’État est composé d’une multitude de personnes différentes avec des croyance vastement différentes, essayer de le cacher davantage est un exercice inutile. Si de façon organique on demande à un représentant d’enlever ou dissimuler un signe religieux pour représenter sa communauté c’est tout à fait légitime. Il est tout à fait légitime également pour la personne de défendre son choix de porter le symbole en question. Sans oublier que pour beaucoup de personnes religieuses porter un objet spécifique leurs parait obligatoire, encore une fois il serait légitime d’arguer qu’ils pourraient alors porter la version la plus discrète de cet objet s’il en existe plusieurs versions. Mais ultimement cela reste entre les mains de la personne. Cela reste entre les nôtres de ne pas voter pour eux si leur attitude ou leur refus nous déplaît.
Pourquoi interdire quelqu’un de se marier à l’église sans le faire à l’État ? Obliger quelqu’un qui souhaite participer dans un acte avec une signification religieuse importante d’également prendre du même temps une décision à l’État qui peut s’avérer, dépendant des circonstances désavantageuses pour elle me paraît inacceptable. Un couple qui ne se marie pas et ne trouve pas la nécessité de le faire dans sa conscience ou dans ses finances s’en retrouve ainsi avantagé.
Un seul article ne semble pas rendre justice au sujet qui est vaste et à la nuance qui ici serait appropriée. Cela étant, avec l’assurance que nous en reparlerons, quittons-nous sur ces mots : Nous ne pourrons pas être tous d’accord sur les questions religieuses, car comme toutes les questions qui ont un caractère moral pris dans l’histoire, il existe de multiples points de vue qui possèdent un certain mérite et d’autres qui en possèdent moins mais qui ne peuvent cependant pas être ignorés. La laïcité cependant ne peut pas, ne doit pas, devenir une excuse pour rejeter d’office les convictions argumentées de quelqu’un sans prêter oreille à son argument pour cause de son appartenance à un groupe. Sous ces traits elle ne devient qu’une forme de censure acceptée qui la fait ressembler à ce pourquoi on l’a mise en place.
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Autant je ne peux pas être en désaccord fondamental sur le côté ridicule d’oublier ou de ne pas reconnaître notre héritage chrétien, ainsi que sur l’idée de juger les religions de manière plus équilibrée, autant je trouve que reprocher l’oubli de l’histoire chrétienne pour nier toute différence nationale à travers l’histoire n’est pas beaucoup mieux. Citer Locke pour définir la laïcité en France c’est quand même un peu tomber à côté. Parce que la tradition, l’histoire et la culture française ne sont pas les mêmes que celles de l’Angleterre en ce qui concerne la laïcité, la relation de l’État et du religieux – pour ne pas parler du rôle général de l’État – ou plus largement la place des différentes communautés au sein de ces pays ; entre autres. Et ce n’est pas non plus la même tradition en Suisse, ou plutôt entre les cantons qui connaissent d’importantes différences – Genève et Vaud sont un bon exemple. Et je parle de la tradition majoritaire ou qui s’est imposée, parce qu’on pourrait parler des différences entre Jaurès et Viviani pour la France – il n’y a que le second qui voulait « décrocher les étoiles dans le ciel ».
Régis Debray est toujours une bonne référence pour parler des différences entre le modèle républicain français et le modèle démocrate anglo-saxon, sur la religion et plus largement ( https://www.les-crises.fr/etes-vous-democrate-ou-republicain-regis-debray/ ). Un bon exemple plus récent des différences de mentalités entre ces deux modèles culturels fut la Loi 21 au Québec, qui voulait interdire le port de signes religieux à certains employés de l’État. Les sondages montraient un soutien fort des francophones qui considéraient que le gouvernement québecois pouvait aller plus loin, en l’imposant aux anciens employés de ces postes notamment, alors que les anglophones et les autorités des autres états canadiens condamnaient fermement la loi, des comparaisons avec le nazisme ou du nettoyage ethnique étant même apparues.
Si on veut citer citer un texte français plus ancien on pourrait se tourner vers le « Colloque entre sept savants… » de Jean Bodin (comme je ne l’ai pas lu, je laisse Jacques Sapir l’évoquer, en même temps que la laïcité de manière plus générale, extrait de 00:30:46 à 00:35:44 https://www.youtube.com/watch?v=ngYhTEeg-XI ).
L’idée que la laïcité a évolué en France mérite quand même quelques rectifications, parce que le fait de ne pas arborer de signes d’appartenance religieuse n’est pas une nouveauté – tu trouves facilement des témoignages ou des exemples de juifs d’un certain âge qui ont toujours enlevé leur kippa en public ou qui porte une casquette par-dessus. La vraie différence c’est que jusqu’à il n’y a pas si longtemps, il n’y avait pas besoin de lois pour que cette pratique soit suivie, c’était dans les mœurs. Mais suites à un certain abandon du modèle universaliste, assimilationniste et laïc français, une plus grande influence du modèle anglo-saxon et autres éléments qui mériteraient une analyse plus profonde, cette manière de faire s’est un peu perdue, si bien que des lois comme celle de 2004 sont devenues nécessaires pour la réaffirmer. Mais les principes de base n’ont pas été totalement bouleversés.
Au-delà de ça, on peut discuter du fait de savoir si on doit plus s’inspirer d’un modèle que de l’autre, garder celui du pays dans lequel on se trouve ou le faire évoluer – vers qqch d’existant ailleurs, à une autre époque ou encore autre chose. Mais on ne peut pas partir de la négation des différences nationales. Cela affaiblit le débat et diminue notre compréhension des différents modèles et idées existants.
Je ne voulais pas spécifiquement parler que de La France dans cet article. Je vois que tu as très à cœur d’ancrer les idées dans un lieu et un temps et c’est tout à fait louable: En effet mettre en place ou trouver des solutions ne peut-être fait sans prendre en compte ce qui viens auparavant et chaque pays peut avoir un historique très différent de certaines idées lié à son expérience culturelle propre. Je parle ici cependant de manière plus générale et je pense que cela aussi est utile. Je mentionne Locke par pur soucis d’ancienneté car c’est une des figures qui à ma connaissance en parle le plus tôt. Si je devais donner une date au concept en France ce serai probablement 1870 puisque c’est dans ces eaux là que le terme français est né, bien que je ne doute pas qu’il y ait eu des précurseurs francophones que je ne connais pas qui ont parlé de ce que nous appelons « Laïcité » sous d’autres termes (Jean Bodin peut-être? Je me renseignerai.). Je pense que si je dis « Secularization » ou « Laïcisation » on comprend *suffisamment* à quel concept général et globalement compris je renvoie pour que je puisse passer de l’un à l’autre, si on omet ici la barrière de la langue.
Cela étant dit, pour me préciser, voilà comment je vois le climat français concernant cette question : La France a été un pays fortement Catholique qui à cependant souvent contesté l’autorité papale par l’autorité du roi dans sa période catholique. La population française à été fortement marquée par la violence religieuse entre confessions différentes. Ainsi se dessine les débuts d’un interdit social sur la question religieuse. Parler de religieux c’est parler d’un sujet privé, dangereux et si on ajoute le dégout d’aujourd’hui : sale, aux yeux de la France. La religion a aussi été par moment martyrisée dans ce pays par des acteurs percevant la religion comme un contre-pouvoir inadmissible au sein de la nation. Les histoires autour des cultes de la Raison et de l’être suprême seraient aussi à mentionner ici. Bref, il y a mille et une position radicale qui s’affrontent. De ce fait il n’est pas difficile d’imaginer le chaos que cela occasionnerait si on en parlait à table tous les soirs sans parler de ce qui se passerai si on y mêlait les voisins ou qu’on ajoute au mélange la complexité inhérente au fait d’y ajouter des religions non-chrétiennes auquel le pays est moin habitué. Certains diraient que ce serait explosif.
Une solution proximale, serait de ne pas en parler du tout pour éviter de nouveaux déchirements. Je dirais dans n’importe quel autre contexte que ça ne fait assurément que retarder le problème et divise la société encore davantage. C’est en partie vrai en France. Cela étant, la France à vraiment de la peine à s’unir même quand on met à part le sujet de la religion. Ainsi, en discuter tant que les causes profondes de cette désunion ne sont pas adressées pourrait être plus nocif que positif pour la France. Regardant tout ça de l’extérieur, je ne leur souhaite que le meilleur.
Merci deux fois pour les différents liens, ça me sera utile. J’y jetterai un œil très prochainement.