Avec Noël à notre porte, et la fin de l’année 2021 juste derrière, il paraît être temps d’aborder le sujet des fêtes. Qu’y a-t-il de mieux qu’une bonne fête pour se changer les idées et justifier un moment de partage en communauté, aux autorités qui préférerait que nous agissions plus comme des machines et moins comme des êtres humains dotés d’une âme éternelle ? Plus sérieusement, il est vrai que ces temps-ci les fêtes ont été tant vidées de leur esprit qu’il est difficile de ne pas être un peu cynique quand on nous annonce qu’une certaine date a été atteinte dans le calendrier et donc qu’il est le moment d’entrer en fête.

 

Nous aborderons dans cette article deux évolutions qu’on observe aujourd’hui dans ce qu’est fête. Dans un premier temps nous nous intéresserons à l’aspect commercial prédominant qu’a pris la plupart des fêtes dans nos sociétés libérales avant que, dans un second temps, nous nous intéressions aux nouvelles fêtes et événements qui pointent leurs têtes et essayent de se faire adopter à plus large échelle, avec peu de succès pour le moment. Nous nous intéresserons également à l’effet qu’a ce dédoublement massif de fêtes oubliables et avec peu d’intérêt. Les fêtes en tant qu’événements qui rythment la vie en communauté, sont extrêmement importantes car elles sont l’occasion d’organiser des moments de partage, d’exaltation de valeurs communes et de témoignage d’événements passé, entre autres fonctions. Ainsi, il serait idiot de ne pas accordé de temps à réfléchir sur ce que ces événements signifient, puisqu’on leur accorde performativement une valeur extrême. Commençons :

 

Black Friday n’est pas si loin derrière nous et cette année avec tous les soucis dû au covid, aux pénuries de certaines matières premières et de l’importation d’un événement à but purement commercial cette célébration à encore fait couler beaucoup d’encre. Stop Black Friday suisse a fait tourner pour cette occasion une publicité dénonçant cette « orgie de consommation absurde ». Je ris tout bas de voir qu’un groupe qui de façon générale ne doit pas être constitué par trop de gens qui sont fondamentalement contre ce genre de comportements sexuels soudainement utiliser le vocabulaire du dévoiement et de l’impureté pour parler de ce qu’ils détestent. Comme quoi on peut se mentir, mais il existe des standards que tout le monde comprend. Cet élément de forme mis à part, il y a une inquiétude tout à fait saine à avoir vis-à-vis de cette cet événement qu’on installe là par pur intérêt pécuniaire et pour désencombrer de façon minime les magasins aux alentours de Noël en espérant que les consommateurs auront acheté leurs cadeaux à l’avance. Cet événement nous est imposé. Son nom pourrait changer sans qu’il n’y ait de protestation car il n’existe que grâce au rabais que les magasins font ce jour-là. Ce n’est pas une fête encrée dans une tradition particulière ou une célébration d’un événement marquant. C’est une occasion d’acheter quelque chose à plus bas prix qu’habituellement et en disant cela, nous avons décrit l’entier de la fête. En un sens elle est bien de son temps : une fête sans valeur autre que pécuniaire pour une période sans valeur au-dessus de celles du confort, du plaisir et de la commodité. Un symptôme d’une société occidentale délabrée qui perd progressivement son âme.

 

Il est curieux que Black Friday ait pu tenir et s’imposer quand de nombreux évènements eux, ne tiennent pas. Le Black History Month (Février ou Octobre dépendant d’où vous vous situez sur le globe) et le Pride Month (Plus communément appelé « Juin ») ont essayé de s’imposer mais sans doute le fait qu’il prennent tout un mois n’a pas aidé à leur faire de la place dans la conscience collective. Au point que je me dois de spécifier la date sans quoi la plupart de vous chers lecteurs ne vous en rappelleriez pas, ce qui est tout à votre honneur. Les multinationales se font chaque année un peu d’argent sur le dos des alliés de ces causes en vendant des mugs. Cela étant, ces nouvelles fêtes et leurs succès très relatif sont liées à certaines valeurs et parfois même un début de tradition (puisque les mois choisis le sont généralement en commémoration d’événements considérés importants pour ces groupes). Elles échouent cependant à se faire une place dans le calendrier pour l’ensemble ou presque l’ensemble de nos communautés. Encore une fois on remarque une fête imposée « par le haut » qui ne se retrouve pas acceptée par tout le monde, bien que les acteurs qui cherchent à les propager travaillent à l’international. Cependant, ces fêtes arrivent bel et bien à faire quelque chose : déstabiliser le calendrier.

 

Il y a quelques temps c’était le nouvel an chinois. À travers le monde, plusieurs plates-formes en ligne ont donc fait des soldes et créer diverses affiches et publicités en ligne pour leurs campagnes marketing. La Saint-valentin bien sûr qui a été conservée même dans les endroits où on n’honore pas les saints afin d’encourager l’achat de cadeaux, chocolats, fleurs, bijoux et parfums. On a eu le droit a plusieurs journées dédiées à la femme car la journée internationale du 8 mars n’est pas seule et a de nombreuses journée-sœurs féministes. Nous avons pu observer le duel entre Columbus Day (célébrant l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique) et Indigenous People’s Day (le même jour, créer pour supplanter Columbus Day). Nous avons eu Pâques, Les journées du calendrier Libéral, Black Friday, Cyber-Monday, Halloween ; Des fêtes préprogrammées qui cherchent à se populariser ou garder leur popularité bien que le fond, une réelle envie de fêter des événements ou honorer des valeurs particulières, se soit perdu. Nous pouvons ainsi prendre le calendrier comme un thermomètre des problèmes de nos sociétés. Personne ne fête tous ses événements et nous ne sommes plus d’accord de ce qu’il faut fêter. Parallèlement nous sommes bombardés malgré tout par la machine de la société marchande pour en fêter le plus possible et quand il n’en reste plus celle-ci en crée d’autres. Face à cet afflux d’image, un individu se trouve difficilement capable de suivre une seule voie claire et définitive dans son parcours moral et les fêtes ne peuvent pas jouer un rôle de définition des choses à célébrer. Ainsi, dans ce chaos dans lequel personne ne s’écoute on se retrouve à célébrer les choses basiques les plus proches de nous et les moins raffinées : Soi, le plaisir et le confort.

J’adore Noël. C’est un moment chaleureux de retrouvailles en famille, l’occasion de s’offrir des cadeaux et d’aller à la messe pour remercier le Créateur. Je n’aime pas le père Noël. Je n’aime pas l’entreprise qui lui a donner son manteau blanc et rouge et je préfère Saint Nicolas. Le nombre d’affiches publicitaires mielleuses partout est à vomir tant l’impératif pécuniaire est apparent. C’est donc avec grande tristesse que je fais le constat qu’autour de nous la plupart des fêtes ont perdu leur caractère innocent et ré-unificateurs pour devenir le lieu d’affrontement pour la société dans son ensemble. Chérissez vos proches pour cette fin d’année et profitez des quelques moments où la fête est une vraie célébration. Ces temps sont tumultueux je vous invite donc à persévérez dans la recherche de ce qui vaut la peine et souvenez vous que les mauvais jours aussi, se terminent.