Aujourd’hui j’aimerai revenir sur un aspect plus fondamental afin de saisir les enjeux et la réalité de ce qui est en train de se passer globalement à notre époque. Mon point de départ est essentiellement politique et concerne ce que nous essayons de faire sur ce site : Discuter, débattre, réfléchir et résoudre. Notre site à pour l’instant hébergé des sujets très hétéroclites et le thème d’aujourd’hui touche le fondement de ce que nous essayons de faire.

 

Comment vivre ensemble ? Une question complexe et peut-être juste une mauvaise question. Avant d’explorer les mérites et démérites de cette question il va nous falloir poser certaines bases pour notre réflexion.

 

Je vais placer tout d’abord une première base qui me semble assez solide : Nous voulons tous individuellement vivre. Sachant que vous êtes en train de me lire, je suis heureux de savoir qu’à l’instant même vous préférer vivre et j’ose espérer que ça va continuer.

 

Plaçons une deuxième base : Nous sommes tous différents. Prenons deux cas au hasard, moi et vous, je suis en train d’écrire et vous êtes entrain de me lire. C’est un point de différence comme un autre et il y en a une infinité. Vous vivez plus ou moins proche de chez moi, avez des aspirations des sensations, des rêves et un corps différent du mien. Dans le monde dans lequel on vit, ces différences sont vues parfois comme la source de conflits car étant donné notre nombre il est basiquement impossible que nous n’ayons pas des envies et des besoins convergeant vers des ressources limitées ou certains idéaux inconciliables entre eux. Les autorités, nos identités, nos ressources tout ça peut-être une cause de discorde.

 

Nous vivons dans des sociétés et avons l’intuition ou avons fait le raisonnement si nous avons eu le temps de nous arrêter pour y réfléchir, qu’il valait mieux pour nous de ne pas nous isoler. Nous allons cohabiter avec des gens différents de nous. Nous sommes parfois gênés par eux, parfois nous nous disputons avec ceux qu’on déteste ou avec ceux qu’on aime. Il y a des milliers de façons dont les choses pourraient être organisées que ce soit à l’intérieur d’une relation ou à l’intérieur d’une société. Il n’est pas clair quelle serait la meilleure façon de s’organiser.

 

Nous sommes essentiellement à la dérive.

 

En un certain sens nous vivons déjà tous ensemble. En un autre, aucun de nous ne vit avec aucun autre.

 

La question comment vivre ensemble insinue généralement « paisiblement ». Mais cette question ne peut-être posée que dans une paix relative. Une paix maintenue par différents accords qui n’ont pas été brisés soit par loyauté soit par avantage. La paix est généralement vue positivement mais il est tout à fait possible de se figurer une situation où la paix est une forme de soumission et de souffrance stagnante. Il y a un temps où il est légitime de se libérer d’un régime tyrannique. Mais quel est-il exactement ?

 

Nous ne sommes pas en guerre et nous pouvons, si nous le voulons entendre des opinions et des positions très différentes plus ou moins argumentées sur basiquement tous les sujets. En cela nous sommes chanceux. Mais des questions importantes doivent être résolues et non être ignorées ou pire, outrancièrement simplifiées. Des gens accusent spécifiquement des groupes de personnes entiers d’être responsables des souffrances de tous les autres, d’autres appellent à la censure. Pas seulement des personnes anonymes dont vous n’entendrez jamais le nom mais des intellectuels reconnus, des politiciens, des philosophes. Quelle censure est légitime ? Doit-on laisser tout le monde parler ? Qu’est-ce qui constitue un appel à la haine ? Qu’est-ce que la profanité ?

 

Qui a raison ? Qui a tort ? Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a raison ou juste quelqu’un qui a le pouvoir ?

 

Il y a beaucoup de questions. Peut-être trop. Il y a beaucoup de façons dont les choses pourraient tourner mal et en même temps beaucoup de confusion. Beaucoup d’interprètes et beaucoup d’oreilles tendues. Il n’y a pas d’autorité qui est acceptée par tout le monde.

 

Je pourrais conclure en écrivant que nous vivons dans des temps chaotiques mais ce serait simplifier notre affaire. Nous sommes dans des temps incertains où les dangers d’un ordre excessif et d’une absence d’ordre peuvent tout deux se faire sentir. Respirez, gardez la tête froide et les yeux ouverts. Nous ne pouvons pas faire confiance à nos seules facultés sensorielles pour comprendre le monde car elles sont imparfaites mais cela nous rend potentiellement manipulables par nos sources d’informations, nos gouvernements et nos prédispositions. Notre travail de discussion est un travail d’équilibriste. Face à des points de vue qui sont contraire aux nôtres, face à ce qu’on perçoit comme des attaques, il faut que nous puissions exercer une forme d’humilité consciente de nos limites sans que nos particularités et demandes légitimes ne soient effacées dans le silence d’une hésitation. Bonne chance à vous.