Avec les débats sur l’accord-cadre et son possible abandon, les derniers groupes pro-UE s’agitent, le NOMES et sa pétition en tête. Il s’agit d’alerter concernant la menace pour l’avenir de notre pays, les coûts qu’il y aurait de ne pas avoir de bonnes relations avec l’UE, voire envisager de la rejoindre. La défense acharnée de notre souveraineté nous isolerait et nous ferait subir de nombreux désavantages, notamment en termes de coûts économiques. Alors, même au-delà de l’accord-cadre, qu’est-ce que nous coûte la défense de notre souveraineté et jusqu’où cela est-il raisonnable de le faire ?
Pour trouver une réponse, tournons-nous vers la fable de La Fontaine, Le Loup et le Chien. Que nous raconte cette fable ? Je résume le début mais vous encourage à la lire entièrement. Un loup très maigre qui ne trouve pas de quoi manger rencontre un chien, fort et bien nourri. Trop faible pour attaquer un adversaire aussi robuste, le loup le complimente sur son embonpoint. Le chien l’invite à abandonner les bois où les loups sont affamés pour le suivre et améliorer son sort : nourriture et caresses en échange de chasser certains importuns et de flatter ses maîtres. Le loup, attiré par ces promesses, accepte lorsque :
« Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
– Mais encore ? – Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
– Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
– Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor. »
Quel est le prix de la liberté ? Pour quelle taille de gamelle acceptez-vous qu’on vous passe une laisse autour du cou ? J’ose espérer que la réponse, comme celle du loup, sera de préférer la faim à la servitude. On peut choisir de ne plus être libre, cela nous ramènera peut-être quelques bénéfices de confort. Mais la perte n’est pas négligeable. Voilà que répondre à ce que coûte la souveraineté ; cela peut diminuer quelques chiffres sur un tableau comptable, mais la liberté n’est pas à vendre.